Dans le miroir je me vois de très très loin

En cours

L’histoire dit que Sainte Lucie de Syracuse était promise à un homme qui, obsédé par la beauté de ses yeux, ne supporta pas qu’elle se refusa à lui.
Persécutée, elle finit par s’arracher les yeux afin de lui livrer sur un plateau. Dans une rage folle, il la fit condamner à se faire traîner dans un lieu de débauche afin d’être violée jusque à
la mort. Protégé par sa foi, son corps résistât aux assauts. On dit que milles hommes ne purent la déplacer. Elle fut alors décapitée.
Ma
Lucie souffre d’épisodes de déréalisation. Dans ces moments-là, elle ne se voit plus très bien, ne se connaît plus. Elle semble étrangère à son corps, à elle-même, et tout lui semble étranger, iréel. Elle m’écrit ce qui se passe quand elle regarde le monde, j’essaye de devenir ses yeux.
Ensemble, nous nous rendons à Syracuse. Sur les traces de cette his
toire, moi je fais des images.

‘‘Je vois plein de petits points lumineux partout le ciel comme si c’était un écran de télévision qui ne reçoit pas l’image, tout sale et j’ai envie qu’on me nettoie avec une petite serpillière entre mes yeux et mon cerveau, j’ai l’impression d’avoir tout sali et que c’est bien fait pour moi, dans le miroir je me vois de très très loin, je vois que c’est Lucie mais une Lucie très très loin. Ça me fait peur et je vois des yeux peureux qui me  regardent de très très loin. Tout ce qui semblait m’appartenir, mes amis, ma famille, mes souvenirs, mon reflet, se trouvent désormais derrière cet écran de points lumineux. Je me sens si seule derrière tous ces petits points. Je voudrais les traverser et retourner dans le monde avec mon énergie qui, je le sens, diminue peu à peu.’’
Lucie